RU 06/2014 - L'AFRIQUE
AFRIQUE (ru, 14 février 2014). – Vous comprenez quelque chose à la politique française en
Afrique ? On peut être perplexe à juste raison. Permettez-nous de vous inviter à
lire un commentaire lucide de M. Bernard LUGAN, spécialiste des questions
africaines. Malheureusement M. Hollande et complices n’ont pas – ou dédaignent -
ces informations. D’où leurs errements fatals interminables en Afrique et
ailleurs. Ce matin le va-t-en-guerre M. Hollande a décidé d’envoyer 500 soldats
supplémentaires dans l’enfer africain, notamment en RCA (République
Centrafricaine). Pour y faire triompher quoi ?
Communiqué du professeur Bernard Lugan du 13 février
2014 :
« Au Mali comme en RCA, des conflits
récurrents et résurgents opposent des populations que tout sépare ; or, depuis
des décennies, au nom du mythe universaliste du « vivre ensemble », la seule
solution proposée est électorale. L’expérience a pourtant montré que les
élections n’ont jamais traité en profondeur les causes des affrontements
ethniques car elles n’effacent pas plus les réalités géo-ethnographiques que la
pluie les rayures des zèbres.
Mais il y a
encore plus grave : l’ethno-mathématique électorale confirmant à chaque fois la
domination démographique, donc démocratique, des plus nombreux, les
ressentiments des peuples minoritaires en sont à chaque fois aggravés.
Résultat : le feu qui couve se rallume périodiquement ; voilà pourquoi nos
interventions militaires successives, pourtant couronnées de succès, sont
suivies d’échecs politiques.
Au Mali, les élections n’ont pas réglé le
problème nord-sud. Tout au contraire, légitimés par le scrutin, les politiciens
sudistes refusent de prendre en compte les revendications nordistes. De plus,
pour Bamako, les ennemis ne sont pas les islamistes que combattent les soldats
français, mais les séparatistes Touareg qui les aidèrent dans cette
lutte.
En RCA, le Quai d’Orsay explique que la solution
est dans la reconstruction de l’Etat, ce qui, là encore, passe par des
élections. L’aveuglement des diplomates semble sans limite car le fossé de sang
creusé entre nordistes et sudistes interdit toute reconstitution d’un « Etat »
centrafricain. Quel administrateur sudiste osera en effet s’aventurer dans le
Nord pour s’y faire massacrer et quel fonctionnaire nordiste décidera de venir
se faire lyncher à Bangui? Les élections ne changeront donc rien à la situation
qui prévaut sur le terrain, à savoir la partition, réalité masquée par la
présence des troupes françaises.
Dans les deux
pays, la question de la définition, de la durée et de la finalité.
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