RU 36/2012 - AUJOURD'HUI
AUJOURD’HUI (ru, 9 septembre 2012) – Ce dimanche 9 septembre est consacrée, à
Karaganda au cœur du Kazakhstan musulman, la nouvelle cathédrale de ce diocèse,
« Notre Dame de Fatima – Mère de toutes les nations ». Le Saint Père
a délégué le cardinal Angelo Sodano pour célébrer à 11h la première messe
pontificale dans ce sanctuaire érigé en pur style néo-gothique en s’inspirant
du modèle de la cathédrale de Cologne. Les 12 apôtres saluent du haut des
colonnes, livrées par un artisan de St Ulrich en Tyrol du sud (aujourd’hui
occupé par l’Italie) ; en plus 31 vitraux classiques de 6 mètres de haut
font briller leurs couleurs, de l’atelier d’un artiste à Würzburg, sans parler
d’un magnifique maître-autel venu d’Autriche. La table de messe
« ordinaire », pour célébrer la messe « versus populum »,
est posée de telle façon qu’un petit déplacement l’incorporera parfaitement à
la superbe construction du maître-autel, pour dire un jour la messe « vers
Dieu », dès que l’actuel évêque du lieu Mgr Janusz Kaleta aura fait ce
dernier pas de retour vers la Tradition qui par sa dignité et sa splendeur a
rempli les églises et cathédrales pendant 20 siècles. Bref, ce pas résolu vers
la Tradition, au moins pour l’architecture et son décor, ne peut que remplir de
joie le cœur de tout Catholique.
C’est l’ancien évêque de Karaganda, Mgr Lenga, qui avait conçu l’idée
d’une telle cathédrale dès 2001 à cet endroit tragiquement célèbre, car il
s’agit de l’emplacement du « Karlag » (contraction de Karaganda +
Lager), le plus terrible goulag de l’ère soviétique, où des milliers de
personnes innocentes ont péri. « Cette cathédrale doit être
expiatoire », disait Mgr Lenga, « mais aussi un monument de
l’évangélisation par la beauté ». Tout y est évangélisateur : les
vitraux représentent les mystères du rosaire, les statues d’apôtres témoignent
de l’apostolicité de l’Eglise Catholique, et le maître-autel annonce
majestueusement le mystère central de la foi catholique : l’eucharistie
achevée dans la crucifixion du Christ. L’évêque voulait aussi que le nom de N.D.
de Fatima soit implanté de façon visible sur cette terre de l’ancienne Russie.
Un autre évêque, Mgr Athanasius Schneider, aujourd’hui évêque auxiliaire
de l’archidiocèse d’Astana au centre du pays, était le promoteur le plus
fervent du projet de cathédrale. C’est lui qui a développé le thème de
l’eucharistie dans la crypte du sanctuaire, ce mystère qui est le fondement
vivant de l’Eglise. Ainsi on y trouve 14 images représentant l’eucharistie et
ses préfigurations, juste au-dessous des 14 stations du Chemin de Croix de la
nef principale de la cathédrale. « J’ai choisi, dit Mgr Schneider, les
symboles les plus connus de l’eucharistie dans la Sainte Ecriture : le
sacrifice d’Abel, celui de Melchisédech, d’Abraham, l’Agneau pascal, la manne
du désert, la nourriture donnée au prophète Elie sur le chemin vers la montagne
de Dieu, le temple de Jérusalem, Bethlehem comme ‘maison du pain’, le miracle
des noces de Cana, la multiplication du pain, le sermon eucharistique de Jésus
suivant St Jean, la Cène, Emmaüs, et l’Agneau de la Jérusalem céleste. C’est
aussi Mgr Schneider qui a su jumeler ce grandiose projet avec des promoteurs et
de nombreux fidèles donateurs en Allemagne, Autriche et Suisse allemande qui
ont de cette façon intensément vécu cette aventure au cœur de la Russie (le
Kazakhstan actuel). Ils jubilent tous aujourd’hui rendant grâce à Dieu.
Il est vrai que l’Eglise Catholique ne représente que 1% de la
population du Kazakhstan, sur une population globale de 16 millions. Ces
fidèles sont d’une vingtaine de nations, venus dans ce pays émergent
(agriculture, charbon, puis pétrole et gaz) surtout de la Pologne, l’Allemagne,
l’Ukraine et des pays baltiques. Des milliers de familles allemandes qui
étaient venues sous le nom de Wolgadeutsche (Allemands de la Volga) vers les
années 1760, sur invitation de la tsarine (allemande) Catherine II, pour
s’installer dans la région pour la faire prospérer (jusqu’à ce que Staline et
ensuite Hitler y mettaient fin en les dispersant ailleurs, voire en les
affamant). C’est cette tradition qui a motivé les Catholiques des pays de
langue allemande à devenir des promoteurs fervents du projet de cette
cathédrale nouvelle. C’est leur jour de gloire aujourd’hui.
L’Eglise Catholique a une tradition beaucoup plus ancienne dans cette région.
Sans parler des traces des Nestoriens qui, après leur échec doctrinal au milieu
du 5e siècle (Conciles d’Ephèse I et de Chalcédoine), s’étaient
réfugiés en grand nombre en Perse et de là vers les pays au nord de la Perse
jusqu’aux Indes et la Chine, le roi Saint Louis avait délégué en 1253 Guillaume
de Rubrouck et ses compagnons vers les pays des Tartares et des Mongoles, ce
qui a permis au pape Nicolas II de confier cette mission dès 1278 aux
Franciscains. Aujourd’hui l’Eglise Catholique comporte 4 districts au
Kazakhstan: l’archidiocèse d’Astana, les diocèses de Karaganda et d’Almaty, et
l’Administration apostolique d’Atyraou. C’est Karaganda qui est devenu le plus
célèbre en raison des goulags de Staline et qui émerge aujourd’hui de ses ruines
comme symbole de l’espérance et de la rédemption, grâce à l’Eglise Catholique.
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O.A.M.D.G. -
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