RU 22/2005: Irak
- IRAK: Nous avons pu rencontrer le nouveau prieur, le Père Hermiz, du Carmel de Bagdad. Il remplace le Père Michel, Carme français décédé en été 2004 d'une crise cardiaque. Il est vrai que ce Carmel se situe dans la 'zone verte', le quartier le plus protégé de Bagdhad puisqu'il abrite le Quartier Général des Américains. Chaque fois qu'il y a une explosion, suite à un obus (cette zone verte reçoit 15 à 20 obus par jour, ce que vous ne lirez pas dans les journaux!), ce n'est pas le bâtiment en béton multicouches des Américains qui est endommagé, mais souvent le petit monastère du Carmel. Déjà l'an dernier, aussi avec notre humble aide de 1800 Euro, les Carmes ont dû réparer provisoirement le plafond de leur grande 'église de Fatima', mais cette année encore elle a perdu des pans entiers du toit et du plafond. Sachant que les moines ne vivent que des offrandes de la messe du dimanche, et que le nombre des fidèles s'est rétréci depuis 2 ans de 200 à une cinquantaine de familles, on imagine les besoins, voire la faim, de ces moines. Nous - ou plutôt l'UNEC la "maison-mère" de notre service de presse RU - avions donc organisé une nouvelle collecte fin 2004, ce qui fait que nous avons pu remettre le 21 avril 2005 - directement entre les mains du Père Hermiz - la somme de 3400 E, en provenance de 41 donateurs dont nous lui avons remis les noms pour leurs prières. Dans un rapport il nous écrit, dans un français impeccable: "La situation du pays n'a visiblement pas changé depuis le début de la guerre menée par les Américains. Vous êtes sans doute au courant de ce qui se passe chaque jour dans notre pays: des attentats 'terroristes' de toutes sortes qui ont lieu à travers tout le pays et qui engendrent partout douleur et mort. Il faut ajouter le danger réel qui vient des soldats américains eux-mêmes qui ouvrent facilement le feu sur tout ce qui bouge dès qu'ils paniquent, c'est-à-dire très souvent (moi-même, j'ai failli être tué à plusieurs reprises, et j'ai perdu cette année 4 amis, tués comme ça par les Américains; leurs soldats ne pensent qu'à leur propre sécurité et tirent en direction des voitures qui oublient de s'arrêter quand ils passent en camion ou en jeep...). Les gens essaient de continuer à vivre et ils sont obligés d'aller au travail malgré tout, pour assurer leur vie et celle de leur famille. Ils y vont tout en sachant que, quand ils quittent leur maison le matin, ils ne sont pas sûrs d'y retourner vivants le soir." Le Père dit plus loin que les gens s'accrochent au processus démocratique comme à une paille flottant sur les eaux, en espérant que cela ira mieux. Mais il avoue que, pour la reconstitution du pays, ce sera "un très long chemin", notamment pour 3 raisons: les structures de base du pays ont été totalement anéanties par les Américains, ensuite il y a un manque de cohésion nationale suite aux divisions créées dans la population par l'ancien régime, et finalement la corruption existe partout dans le pays, "conséquence logique de l'instabilité du pays". Et il conclut le rapport en disant: "Pour nous, les Carmes, la vie tragique de tous les jours ici nous oblige à aller vers l'essentiel. Un des points essentiels de notre témoignage de Carmes est la vie de prière. De là nous recevons la force pour pouvoir vivre le mieux possible la vie fraternelle dans la communauté..., et aussi pour pouvoir venir en aide à 134 familles pauvres qui comptent sur nous et que nous devons aider tous les mois." Ils n'ont rien à manger, et ils partagent encore avec 134 familles ! C'est réconfortant de savoir qu'au coeur de l'enfer de Bagdad il y a ces Carmes qui prient, et qui aiment leurs prochains dans la misère - sans abandonner. Nous continuerons à les aider, par charité fraternelle entre chrétiens, avec le principe de remettre les dons directement entre les mains du Père prieur du Carmel sans aucun intermédiaire (dons à UNEC, BP 70114, F-95210 Saint-Gratien, avec la mention "Carmel Bagdad"). D'ailleurs leur communauté qui s'était rétrécie à 3 Carmes seulement, s'est tout miraculeusement amplifiée par l'arrivée de... 5 novices iraquiens. "Ces postulants sont pour nous un vrai signe d'espérance et de la continuation de la présence du Carmel dans notre pays". Il dit que les fidèles qui restent sur place - souvent les plus pauvres - sont courageux: "en dépit des dangers physiques de tous les jours, une cinquantaine viennent assister à nos prières quotidiennes et aux Vêpres", dit fièrement le Père Hermiz. Ces prières sont chantées dans un oratoire du monastère, la grande 'église de Fatima' étant pour l'instant abandonnée. On considère qu'il n'y aura plus de départs massifs de chrétiens de l'Iraq estimés aujourd'hui à quelques 600.000, puisque ceux qui le préféraient sont déjà partis. - Tout ceci se déroule dans un pays où existent des monastères des premiers siècles du christianisme (notamment du 4e), surtout au nord dans la région autour de Mossul et de l'ancien Ninive. Les chrétiens d'Iraq ont vu d'autres persécutions, calamités et résurrections au cours de l'histoire, et ce n'est pas une sordide guerre du pétrole qui les fera abandonner 'notre pays béni par Dieu'. Deo gratias! - (ru)
- Compteur tradition: 46e jour du maintien de l'excommunication de la Tradition sous Benoît XVI
- Compteur vie: 184 bébés sauvés de l'avortement par l'association SOS MAMANS (UNEC), BP 70114, F 95210 Saint-Gratien.
- - A.M.D.G. - -
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