RU 38/2011 - ERFURT/RFA, CHINE de nouveau
ERFURT/ex-RDA (ru, 26 septembre 2011). – Lors de sa tournée en Allemagne, notre pape Benoît XVI a visité le monastère des Augustins à Erfurt pour y rencontrer les représentants des communautés protestantes. On aurait pu s’attendre, sous un pontificat normal, dans la lignée des papes de toutes les époques, à une invitation vibrante de Benoît XVI au retour au bercail catholique adressée aux brebis égarées (un appel « Je vous en prie, restez dans l’Eglise ! » ne fut adressé par Benoît XVI qu’aux nombreux Catholiques récalcitrants actuels, dont 130.000 qui ont quitté l’Eglise en 2009, et 180.000 en 2010), à l’endroit précis où Martin Luther (1483 – 1546) avait vécu, entre 1505 et 1512, comme moine augustinien, et de l’endroit même où il avait célébré, comme prêtre catholique, sa première messe en 1507. Plus tard cet homme avait abjuré à l’Eglise, fondé la Réformation, condamné le pape comme anti-Christ, autoritairement aboli tous les sacrements sauf un (le baptême), annulé le célibat des prêtres, incité moines et religieuses à défroquer, sans oublier qu’il avait piteusement péri en se pendant dans sa chambre, comme le rapport de son médecin l’a révélé (cf. l’étude du professeur +Ivan Gobry, publiée par sa conférence au colloque UNEC du 6.6.1994 à Rouffach, 16 pages, disponible contre quelques timbres auprès du secrétariat de l’UNEC, BP 70114, 95210 Saint-Gratien). Pire, avec ces horreurs il avait ouvert la voie à la spoliation des biens de l’Eglise en incitant les princes à se transformer en véritables prédateurs et bandits face à l’Eglise, sans oublier le fait que ses thèses de la libération de l’homme face à l’Eglise et finalement à toute autorité était à l’origine de la terrifiante « guerre des paysans » (1523 à 1526) qui a transformé les régions Thuringe, Hesse, Franconie, Württemberg, Bavière, Alsace, et même une grande partie de l’Autriche et de la Suisse, en feu et en sang, même si plus tard Luther a fini par prendre position contre cette guerre atroce par un appel non moins atroce: « Allez contre ces paysans meurtriers et voleurs ; chacun doit les abattre, étrangler, poignarder comme il peut, secrètement ou publiquement, comme on abat un chien enragé. » C’était la première guerre de tous contre tous, fruit amer d’une liberté religieuse concoctée et mise en exergue par un moine augustinien angoissé à Erfurt. Cette division des populations paysannes a mené à une division profonde de l’Europe entière et a rendu possibles les guerres totales du 20e siècle. L’âme perturbée et destructrice de Luther avait achevé son travail. - Mais non, de toutes ces vérités terrifiantes le pape n’en a dit mot. Que des amabilités ! « Pour moi, l’évêque de Rome, c’est un grand honneur de venir ici à Erfurt où Luther a vécu », « La profondeur de la foi de Martin Luther… qui a mis la recherche du Dieu miséricordieux au centre de sa vie, est une interpellation à nous tous aujourd’hui » etc., pour terminer avec une accusation générale de la Chrétienté du passé, en disant : « C’était une faute du siècle confessionnel ( ?) que nous n’avons largement considéré que ce qui nous sépare et que nous n’avons pas existentiellement ( ?) saisi ce qui nous lie par rapport aux grandes données de l’Ecriture Sainte et des confessions chrétiennes anciennes ». Bref, le Président du Conseil de l’Eglise Evangélique en Allemagne, Nicolaus Schneider, a en toute logique conclu que Benoît XVI aurait « pratiquement réhabilité le Réformateur Martin Luther » à Erfurt, même si le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi SJ, ait mollement contredit cette conclusion, le 24 septembre à Fribourg, en jugeant devant les journalistes cette déclaration du pasteur Schneider « un peu exagérée ». Quand Luther sera-t-il « un peu » docteur de l’Eglise ? – On se demande comment quelqu’un de raisonnable peut, aujourd’hui encore, se référer à Luther? Bref, comment peut-on encore raisonnablement être protestant ? - O.A.M.D.G. –
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