RU 21/2005: Turquie - TURQUIE: la vie de seconde classe des chrétiens au Tur Abdin, région des plus anciens monastères au sud-est du pays. - TURQUIE: L'avertissement cinglant venant de France, exprimé par le référendum du 29 mai 2005, sous peu suivi par d'autres pays, ne signifie pas l'arrêt de l'Union Européenne, mais donne un sérieux coup de frein. Le message populaire est simple et vient du fond de l'âme: "L'Europe oui, mais pas trop!" La question de l'entrée éventuelle de la Turquie dans l'U.E. y jouait sûrement un rôle déterminant. Déjà les chantres de la Constitution , tel Giscard d'Estaing, claironnent que tôt ou tard la question sera reposée au populations réticentes, jusqu'à ce qu'elles consentent. Notre intention à nous est de faire tout ce qui est en notre pouvoir afin que le prochain vote - car il arrivera - sera un NON encore plus massif. - Nous ne voulons pas de l'athéisme imposé à l'Europe par le biais de l'U.E., et encore moins de l'Islam amené dans le sac-à-dos de 80 millions de Musulmans turcs. - Comment vivent concrètement aujourd'hui les chrétiens en Turquie, une des plus anciennes terres chrétiennes? Comme des citoyens de deuxième classe, sans droits ni avenir. Seuls quelques 200.000 chrétiens - surtout des Araméens de rite syro-orthodoxe - survivent dans le pays, c'est-à-dire 0,3 % de la population de ce pays qui fut jadis le premier pays chrétien. Car 150.000 ont déjà fui récemment ce pays islamiste, même si sa Constitution se vante d'être laïciste: 50.000 ont trouvé refuge en Suède, 20.000 en Hollande, 10.000 en France et 70.000 en Allemagne du nord. A Istanbul ils n'existent plus que 15.000; à Tur Abdin, dans le sud-est du pays non loin d'Edessa, anciennement une région totalement chrétienne, ne restent plus que 5000 chrétiens. Déjà en 1915 le génocide turco-kurde contre les chrétiens y avait fait des ravages. Les églises sont vides, désertées, sans prêtres ni fidèles, si elles ne sont pas en ruines. Certaines, comme l'église Ste Marie à Hah (région Tur Abdin), a été reconstruite avec l'aide financière de quelques familles araméennes émigrées en Europe, mais son clocher sans vie regarde sur un village dominé aujourd'hui par des minarets étincelants. Au Tur Abdin ils existaient encore vers 1960, dans 55 villes et villages, 60.000 chrétiens (syro-orthodoxes): aujourd'hui 30 villages et 10 anciens monastères y sont inhabités, parce que les chrétiens ont émigré soit à Istanbul, soit à l'étranger. Mais la région a encore un coeur chrétien qui bat, le monastère Mor Gabriel, un des plus anciens monastères de la chrétienté (4e siècle). Comment les chrétiens y vivent-ils? On ne trouve dans ce monastère important, ceint d'un mur imposant, plus que... deux vrais moines, mais aussi l'abbé du monastère, l'archevêque Timotheos Samuel Aktas. D'autre part il y a beaucoup de visiteurs, surtout des Araméens qui ont fait fortune à l'étranger et visitent maintenant nostalgiquement leur vieux pays. Mais il y a aussi des élèves dans le monastère Mor Gabriel. Puisque les Araméens ont choisi de ne pas être classés comme 'minorité' dans leur propre pays, comme l'ont choisi les Arméniens, les Grecs et les Catholiques latins - "Nous étions ici 5 siècles avant l'arrivée des Arabes musulmans!" clament les chrétiens Araméens - ils n'ont pas les droits garantis aux minorités dans la Constitution apparemment ultra-libérale du pays: ils ne peuvent ni construire des églises, ni entretenir des écoles, ni posséder des immeubles. En 1923 les églises avaient été répertoriées avec leurs saints patrons: St. Michel, St. Gabriel, Ste. Marie... Aujourd'hui, pour être propriétaires des églises, les autorités demandent aux chrétiens d'apporter la signature de leurs patrons enregistrés, c'est-à-dire de St. Michel, St. Gabriel et la Ste. Vierge Marie. Cela ne s'invente pas. Mais, comme partout en Orient, on discute et on s'arrange: officiellement l'école dans le monastère Mor Gabriel figure comme "cours de rattrapage", pour l'école de l'état laïciste à côté. Les enfants - une trentaine de garçons - viennent donc après l'école réglementaire du matin pour le reste de la journée au monastère où des soeurs chrétiennes leur font apprendre l'Araméen (en fait la langue de Jésus), le chant de la liturgie orientale (syro-orthodoxe), et surtout où ils participent 3 fois par jour aux prières liturgiques de l'Eglise. C'est ainsi que ce vieux monastère rayonne de vie. Les prêtres et moines de l'étranger ne sont pas admis, sauf munis d'un Visa touristique de 3 mois; ils doivent donc quitter le pays et rentrer à nouveau, avec un autre Visa, et cela 4 fois par an. Les 3 évêques catholiques du pays ont, quant à eux, un passeport diplomatique pour se maintenir en permanence dans leurs diocèses. Les moines et prêtres n'ont pas le droit d'évangéliser: il leur ne reste plus que la présence physique et le témoignage liturgique, comme l'a déjà pratiqué Charles de Foucauld. Maintenant, en Occident, ils se lèvent des voix disant qu'il faut accueillir la Turquie dans l'U.E. "pour soulager le sort des 200.000 chrétiens là-bas". Le contraire est plutôt vrai: il faut que les chrétiens turcs protègent, par le témoignage de leur martyre - les chrétiens en Europe de la l'utopie fatale de vouloir faire entrer la Turquie dans l'U.E., et avec elle l'Islam avec sa volonté délibéré de devenir majoritaire. En Turquie les chrétiens savent ce qui arrive quand les musulmans sont majoritaires. En tant que chrétiens, nous sommes contre l'entrée de la Turquie en U.E., et nous sommes heureux que certaines majorités référendaires commencent à nous rejoindre. Vive l'Europe Chrétienne ! - (ru; cf. DCO 03/2005). - - A.M.D.G. - - |