Journal de bord (suite 26, janv. 2009)


Vendredi 26 décembre

Nous avons récupéré –libéré ? – Mélodie, une jeune fille française de 17 ans, enceinte depuis 2 mois, d’une colonie de tentes plantées par les SDF sur les boulevards des Maréchaux à Paris. Incroyable, elle vivotait là, jeune comme elle l’était, avec son bébé dans le ventre, entre les immigrés et les clochards. Le froid aurait bien fini par tuer son bébé, d’une manière ou d’une autre… La première chose à faire : bien réchauffer les deux dans un petit resto ; aller au supermarché du coin pour lui acheter une petite panoplie de vêtements et surtout des bonnes chaussures d’hiver, car elle n’avait qu’un petit sac d’affaires sur elle, plus une tente pliable qu’elle a rendue devant nous à un clochard qui la lui avait prêtée; ensuite l’héberger une nuit à Paris, le temps pour organiser un lieu d’accueil ; et puis par TGV vers les Pyrénées chez une toute nouvelle dame hébergeuse. - Ce même jour : Gina, italienne, 20 ans, enceinte, littéralement perdue dans les rues de Paris. Elle tremble de peur de croiser son ex-copain qui, soit-dit, voulait « la tuer », si elle n’avortait pas. Deux nuits d’hôtel, quelques repas au Mac-Do, et hop ! vers une de nos deux familles d’accueil en Benelux, hors des terres françaises. Là elle est au calme. Ces mamans-là sont encore plus pauvres que Jésus dans la crèche de Bethlehem : elles errent dans la rue, sans domicile, sans argent, sans affaires. Et le bébé veut VIVRE ! Mais justement, Jésus est venu à leur rencontre… Gloria in excelsis Deo, chantaient les anges et les bergers, et nous avec eux. On pourrai se demander comment elles en sont arrivées là ? Mais franchement, est-ce que le Bon Samaritain de l’Evangile a posé cette question au pauvre gisant dans le ravin, « laissé pour mort » ? Non, il l’a sauvé, en toute simplicité et bonté de cœur. Surtout : il l’a logé ! C’est ce que nous essayons de faire, sans poser de questions inutiles. Actuellement c’est notre charge principale : assurer à nos petites mamans le logement, normalement pendant toute la grossesse. Nos familles hébergeuses fournissent ce service gratuitement pour nous – et encore plus pour la future maman concernée – et nous les aidons uniquement avec une pauvre indemnisation de 100 Euro par mois par jeune maman. Mais même avec ce système mini, nous arrivons à des sommes énormes à trouver et à acheminer chaque début du mois : pour Nath 3 mamans, donc 300 Euro, pour Mamy 400 E, pour Jean 200 E, pour Baba 100 E, pour « Bénélux 1 » 300 Euro, pour « Bénélux 2 » 400 E, pour Françoise 300 E, pour Mapie 100 E, pour Pascale 200 E, pour Edith 200 E, et pour la maisonnette « des 3 ours » en Normandie 300 E. Total : 2800 Euro. Sans parler des nouveaux cas que nous rencontrons, des mamans de l’est à rapatrier vers leurs familles (jusque Vladivostok !), des primes de naissance à assurer chaque fois qu’un de nos petits bébés voit finalement le jour, des mensualités – ou plutôt rançons - à céder chaque mois jusqu’à la naissance aux ‘mères terribles’ qui nous ont pratiquement vendu le fruit de leurs propres filles enceintes (actuellement nous réglons, mois par mois, à la ‘mère terrible’ de Sabrina 300 Euro, à celle de Zina 450 E, à celle d’Audray 400 E, et à celle d’Agnès 350 E, total de la rançon mensuelle actuelle 1500 Euro. Tout cela se monte à des chiffres qui nous ont fait trembler au début, c’est-à-dire au début de SOS MAMANS, car nous ne touchons aucune subvention des autorités et administrations, toutes avorteuses. Peut-être nous les refuserions même si par chance elles voudraient nous aider, en disant que l’alimentation de cette caisse du Bon Samaritain est un privilège exclusivement réservée aux Chrétiens et hommes de bonne volonté. Aujourd’hui nous savons qu’il s’agit là d’une caisse spéciale du Bon Dieu,  totalement imprévisible, gérée par Lui, et co-gérable par nous dès l’instant que nous abandonnons nos schémas classiques de comptabilité et de prévoyance en nous remettant entièrement entre Ses Mains. La caisse de SOS MAMANS, c’est un miracle permanent, c’est un tonneau vide qui se remplit chaque fois que nous avons besoin. Quoi de surprenant ? Dieu sait toucher les cœurs, et les cœurs nous envoient des chèques, juste assez pour suivre nos petites mamans, presque au Centime près. Comprenne qui veut ! L’Evangile  a été écrit il y a 2000 ans, et se vit aujourd’hui, chaque jour, par la grâce de Dieu. Et nous avons tous la chance inouïe d’en faire partie. Encore une fois : Gloria in excelsis Deo !

 

Vendredi 16 janvier 2009

Nous rencontrons Babouchka, une jeune fille bulgare de 18 ans, 2 mois enceinte. Elle nous a contactés par téléphone. Apparemment notre numéro circule entre ces jeunes futures mamans, du fait que nous en avons sorties déjà certaines. « Sorties » ? Oui, Babouchka se trouve fourguée dans un ‘dortoir’ clandestin de 20 jeunes filles prostituées, sans passeport (celui-ci se trouve dans la poche de leurs maquerau). Babouchka dit que ces filles sont toutes forcées par leurs chefs d’avorter si elles tombent enceintes. On l’avait alléchée en Ukraine en racontant qu’elle serait mannequin à Paris…TGV, Côte d’Azur, logée, cas réglé. Que le petit bébé arrive ! – Nous avons depuis ce matin une autre jeune maman de l’est, Vola, de Russie, en situation similaire. Impossible de la renvoyer à l’est, comme nous le faisons souvent avec les mamans de l’est, car là le sens de la famille est plus fort que chez nous à l’ouest et on trouve toujours une tante ou une grand-mère qui veut bien les accueillir au retour. Car sa famille se trouve justement déjà à l’ouest, elle n’a plus de famille en Russie. Nous l’envoyons chez nos gens dans le sud de la France. – Avec elle, dans le même TGV, nous faisons partir Sophia vers le sud, une jeune maman de 23 ans, Chypriote. Nous l’avons rencontrée par hasard au commissariat où elle déposait plainte contre son concubin avec lequel est vit depuis 3 ans à Paris. Il l’avait violemment battue et ensuite mise à la porte. En fait elle saignait fortement et cherchait de l’aide. Même dans le TGV son hémorragie reprenait et il fallait chercher un médecin dans le train pour la soigner provisoirement. Arrivée sur la Côte d’Azur, nos hébergeurs – des véritables Bons Samaritains ceux-là – l’ont fait soigner à l’hôpital, faire mettre une bague afin que le bébé ne parte pas de l’utérus (il descendait déjà), ont approvisionné des poches de sang pour elle pour les transfusions suite aux pertes… Maintenant tout est en ordre. Maman va bien et est heureuse. Bébé peut venir ! – On voit clairement que la lutte contre l’avortement passe par là : AIDER ! Cela n’a rien à faire avec argumenter, convaincre, persuader ou autre. La jeune maman qui veut avorter, abandonne IMMEDIATEMENT, comme par un coup de baguette… surnaturelle, son funeste plan dès qu’on lui donne la main pour l’aider. On peut penser au fameux tableau de Michelange où Dieu touche du bout des doigts la main d’Adam, et le miracle se fait : ADAM VIT. C’est exactement comme cela avec toutes nos petites mamans. Il n’y a personne à convaincre: elle SONT pour la vie de leurs bébé, mais tous autour d’elle veulent qu’il disparaisse… Tout ce que nous faisons, c’est d’aider ces mamans à ce que se révèle l’amour qui est déjà dans leur cœur et que nous n’avons que l’honneur de faire éclater au grand jour. En fait, c’est une histoire secrète entre Dieu et chaque maman, il ne faut surtout pas s’y mêler. Dieu est assez fort ! Nous ne fournissons que l’allumette de ce feu sacré, et même cela, nous ne l’avons pas mérité ; mêmes ces allumettes viennent du haut. Mais ça, c’est une autre histoire, celle entre Dieu et l’âme de chaque sauveur de bébés. C’est d’ailleurs une histoire déjà décrite, page par page, dans l’Evangile…

 

Samedi 24 janvier 2009

Alice, une jeune femme de 22 ans du sud de Paris, 2 mois enceinte. Le père du bébé s’est barré, laissant la jeune fille seule face aux beaux-parents… qui ne trouvent rien de mieux que de la chasser du domicile familial, tant pis si elle est enceinte. Elle n’a qu’un sac à main, et ce qu’elle a sur la peau. Nous lui assurons 3 nuits d’hôtel à Paris (95 E), des vêtements et chaussures (50 E), 6 tickets de resto (81 E), un carnet de métro (12 E), et un billet de train jusqu’à nos hébergeurs en Normandie (40 E). Le tout : 288 Euro. Un bébé sauvé ! Durée du sauvetage : 3 jours. Lieu : Paris. Le livre de la Vie s’écrit aussi carrément que cela. – Nous sommes à notre 497ème bébé sauvé (depuis 1995), dont 44 encore à naître. Aidez nous, car demain nous rencontrerons d’autres mamans acculées, d’autres bébés qui nous attendent de toute urgence. Ils attendent les pompiers du Bon Dieu. Il ne les abandonnera pas…

 

 

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